from the bottle of amnesia

Aubrey Shearer

Âge, lieu de naissance : tes yeux s'égarent dans la flamme. tu te questionnes sur l'intensité de ton souffle. lorsque tu l'éteindra, est-ce que les rideaux prendront feu ? est-ce que les vingt-six dernières années de ton existence deviendront cendre ? tu devrais faire comme les autres shearer, mettre la clé dans la serrure et la briser. pour oublier derrière toi ce petit appartement canadien qui t'a vu vivre et mourir.  Origines, nationalité(s) : à la frontière, l'impensable s'est réalisé. une vieille bagnole ; peinture qui s'écaille ; lunettes fumées et chewing-gum. tu n'as jamais su si c'est maman la canadienne-française qui est tombée sous le charme, ou si c'est papa l'américain qui a succombé. à ce rouge-à-lèvre éclatant. à cet accent qui massacrait tous les mots. why do you want to cross the border, ma'am ? -- to find love, dear. elle n'a jamais traversé maman. parce qu'elle l'a trouvé là, son amour. Métier(s), études : tu n'as pas arrêté de regarder par la fenêtre. tu étais là, mais jamais présent. les notes le prouvaient. parfois tu faisais qu'arrêter complètement les études. puis tu reprenais après avoir gueulé plus fort que les bijoux de maman qui s'entrechoquent. c'était un peu pour faire comme tout le monde, que tu as suivi la vague hospitalière. même à vingt-six ans, tu n'es même pas infirmier officiel. à peine tu t'imagines devenir médecin. tu es qu'un interne, la tête dans la toilette deux fois par semaine. Statut civil, attirance sexuelle : il y a une journée où tu t'es dis que t'allais être le meilleur amant. par peur d'attachement. puis t'es tombé amoureux. et l'enfer s'est officiellement ouvert sous tes pieds. parce qu'elle n'en avait que pour ses besoins et sa personne. et au lieu d'être un homme, tu es devenue une ombre. l'ombre de toi-même. des hommes battus ? j't'assure, ça existe. t'as tout plaqué, sans remplir de papiers. t'es retourné te loger dans l'appartement familial avant qu'tout le monde t'abandonne. les dos ont commencé à se tourner et t'as jamais compris pourquoi. puis il a mis sa main dans ton dos, mais tu n'as jamais relevé les yeux. parce que t'as peut-être peur de d'tourner finalement vers eux, sans savoir quoi faire. comment l'vivre. entre les nuits blanches, l'alcool, le boulot et ton besoin amer et impuissant de célibat.   À Winton depuis : toujours. l'accord commun entre deux pays qui s'embrassent mais s'éloignent par une frontière, c'est d'aller là où les deux langues dansent. winton, le choix officiel. tu pourrais être guide, tellement t'as arpenté les rues sans vraiment savoir quoi faire de chaque respiration.  Groupe : nathan scott

▐░  impulsif ▐░  renfermé ▐░  colérique ▐░  irresponsable

▐░  honnête ▐░  introverti ▐░  attentif ▐░  loyal

❃ to know more about it un -- tu ne sais si c'est l'angoisse d'un nouveau jour qui te fais agir de la sorte, ou seulement l'irritabilité de devoir sortir du lit : mais tu n'es pas du tout matinal. le visage niché sous ton oreiller, les tempes prêtes à imploser. tu as arrêté d'utiliser un réveil-matin, parce que tu étais porté à le fracasser sur le mur. t'as pas trop envie de faire la même bêtise avec ton téléphone. deux -- de nature anxieuse et toujours dix pieds creusés dans ton crâne, tu t'assures toujours que la porte de ton appartement est bien barré. en la débarrant et la barrant à mainte reprise. tu tapotes ton pantalon pour t'assurer d'avoir un paquet de cigarettes (t'en abuses), tes clés, une carte de crédit, un paquet de chewing-gum et ton téléphone portable. le strict minimum pour ne pas faire une crise de panique une fois au travail. trois -- tu as toujours mal à la tête. lorsque tu es contrarié, si tu n'as pas bu de café, si tu as trop bu la veille, si tu ne bois pas assez d'eau ou ne mange pas assez bien [...] tu grattes toujours des aspirines et un peu de temps au calme dans un placard pour laisser ton manque de soin personnel te bouffer silencieusement. ces maux de têtes te rendent souvent irrité, irritable et quelque peu agressif. (tu t'excuses plus souvent que tu n'dis bonjour à tes collègues). quatre -- t'es hanté par plein de truc et ça transpire dans ta manière de vivre. dans la distance que tu arbores avec des filles. tes bras qui se croisent sur ton torse et l'éventuel malaise, même si tu fais comme si tout va bien. t'es pas du genre à aller à la piscine ou à la mer. peur des profondeur. peur de te noyer ; comme ton frère. il y a une part de ta conscience qui te dit d'aller consulter. traiter tes maux. traiter tes crises. traiter ton insomnie. mais t'as pas le temps. parce que t'as jamais le temps pour toi-même.  cinq -- tu ne sais pas si tu t'es tourné vers les hommes par traumatisme des femmes. pleinement conscient que tu ne peux pas mettre toutes les d'moiselles dans le même bateau. t'as aucune idée pourquoi un jour tu t'es mis à regarder trop longtemps un mec au bar. ou que tes pensées te guident toujours vers un employé de l'hôpital. mais ça devient comme une évidence. presque une tentation. tu ne sais pas pourquoi tu résistes encore. six -- quand t'invites quelqu'un chez toi. on te demande toujours si tu as un chien. parce qu'il y a toujours le même sac de nourriture pour chien à moitié éventré sur le sol. et tu réponds que non. de temps en temps, tu mets quelques croquettes dans un sac et tu vas nourrir les chiens errants. les chats aussi, t'es pas tant discriminatoire dans ce sens. mais t'es fichtrement pas assez responsable et lucide pour pouvoir t'occuper à temps plein d'un animal. pourtant, ça te ferait du bien, t'en es certain. sept -- tu parles français et anglais, sans même penser deux fois avant de répondre à quelqu'un. tu n'es pas le seul canadien à le faire. des bilingues, il y en a à chaque coin de rue. tu parles exclusivement avec ta mère dans sa langue natale. parfois un accent qui ricoche sur le combiné. mais généralement, tu te satisfais du bon vieux anglais. pour le peu que tu t'entretiens avec les autres. t'as pas vraiment de bande.

Quel est ton plus grand rêve ? de parvenir à oublier. de ne plus sentir mon corps réagir au moindre son des vagues ou avoir l'envie de vomir lorsque je croise son regard. oublier tout ce qui a formé le mauvais côté de ma personnalité, pour le peu que le bon existe. mon plus grand rêve, c'est oublié que ma mère m'a tourné le dos, me passant le message le plus malsain par la tête. j'aimerais oublié l'image que j'ai de mon père. peut-être sans ça, j'arriverais à pleurer sans voir rouge dans l'évier. Quel est la pire chose que tu as vécu ? effleurer ses doigts mouillés sans parvenir à les agripper. ne pas être parvenu à crier lorsque la situation le demandait. regarder mon frère se faire emporter par la rivière sans jamais parvenir à s'agripper à une branche ou un amas de terre. papa vous avait bien dit, de ne pas aller jouer près de l'eau. j'ai encore les effluves de cette journée dans le nez. un courant froid qui me mord la nuque. une envie de pleurer à chaque rosée. ❃ chinese portrait Un film psycho Une musique stressed out -t1p Un animal ours Un plat poutine Un dessert lait frappé alcoolisé Une boisson bière bas-marchée Une saison l'automne Un objet un paquet vide de cigarettes Un loisir l'ennui Un superhéro kon-el

Citation :

aubrey le petit canadien qui n'a vu d'autre verdure que la sienne. et celle des autres, via le web. jamais l'argent de voyager, jamais l'argent d'aller nul part. avec maman la québécoise qui ne savait pas être maman. plus une pote qu'une adulte. un papa 'ricain qui a regretté d'avoir été charmé si facilement. aubrey qui jouait toujours à l'extérieur, avant d'trouver l'intérieur moins chiant. dans les films d'horreur et les drames psychologiques. et les disney aussi. (faut dire qu'à l'extérieur, il a cassé j'sais pas combien de vitre avec un ballon d'foot).

aubrey, il avait un frère. presque jumeau.
et une journée d'courant trop fort, le frère est tombé dans l'eau.
et il est jamais remonté. et aubrey, il est resté figé là-bas. encore aujourd'hui, il s'est jamais récupéré.

il s'est pensé fort, longtemps. puis ça été coup de couteau derrière coup de couteau. planté bien creux dans le dos. en cicatrices qui s'effacent pas. toujours douloureuses. il avouera jamais avoir été battu par une femme. lui qui parvenait qu'à crier, mais jamais lever le poing. l'animal effrayé, il a commencé à sortir les dents. et il a décidé d'tout lâcher pour pas regretter plus qu'il ne se sent déjà comme une merde.

aubrey il a pas tant d'amis. il se traine dans des fêtes, il squatte les bars. mais personne ne s'accroche assez longtemps à sa noirceur et son sourire synthétique pour rester plus d'une semaine. l'ami qui ne retourne jamais les appels. l'ami qui téléphone et qui ne parle pas. l'ami qui emprunte et qui ne redonne pas. c'est pas un mauvais mec, il ne sait juste pas comment être responsable. adulte. à se laisser mourir de faim une journée sur deux. à arriver au boulot avec les cernes au genoux et une migraine intraitable.

si personne le surveille aubrey, il va sûrement finir dans l'eau lui aussi.
parce qu'il aura jamais demander de vive voix de l'aide.
parce qu'il aura jamais dit à quel point il a besoin d'bras qui l'protège.
parce qu'il aura jamais avouer avoir des problèmes.

et qu'il va toujours nier les larmes, lorsqu'on ouvre la porte du placard.

bienvenue sur le forum
impossible de mourir avec tous ces médecins